PMU : ce que nous ont dit les parieurs !
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Publié
Par Canalturf
Depuis le changement de gouvernance du PMU au printemps dernier, il semble que le parieur ait été placé enfin au centre du jeu, avec la reconnaissance de sa qualité de premier bailleur de l’Institution des courses. Parieurs réguliers ou occasionnels, au PMU, chez Zeturf, Unibet, Betclic ou ailleurs, il était important de demander à cette majorité silencieuse ce qu’elle attendait de l’opérateur historique, au moment où le PMU emprunte les chemins de la réforme.
Des courses de qualité. Le programme hippique national et international est le socle de l’offre commerciale du PMU. « Mais le parieur est comme un fan de foot qui passerait sans transition d’une rencontre de Ligue 1 à un match de district », décrypte José, gardien d’immeuble à Paris. Traduisez que si, quel que soit son niveau sportif, chaque course fournit un lauréat, un dauphin, un troisième et un quatrième, toutes ne sont pas dignes d’être montrées ou de servir de support à des paris. « Le pire, c’est que l’on nous impose très souvent des matches de district disputés à l’autre du bout de monde, avec des chevaux, des entraîneurs et des jockeys inconnus, alors que des courses de qualité, chez nous ou ailleurs, sont laissées de côté… ». Certes. Mais quid de l’avis des opérateurs alternatifs, pour lesquels une course médiocre sur le plan sportif demeure rentable d’un point de vue économique ?
Des courses régulières. « Cela fait quarante ans que je joue aux courses. Quarante ans que les parieurs critiquent les commissaires, qu’ils soupçonnent, à tort ou à raison, d’être partiaux. Quarante ans qu’ils réclament un corps d’observateurs réellement indépendants des socio-professionnels, de leur famille ou des dirigeants de l’Institution. Quarante ans que personne ne nous entend, quarante ans que j’attends. Jusqu’à quand ? », s’enflamme Hubert, serveur à Vert-sur-Marne (77). D’autres ciblent le fait que les intérêts du parieur et ceux des entourages des chevaux sur lesquels ils misent sont aux antipodes. « Tu joues au quinté, ton cheval est sixième, tu perds. Mais pas le cheval, qui prend quand même un chèque, abonde Cyril, restaurateur à Paris. Il faudrait ne payer que les chevaux qui entrent dans une combinaison de jeu, les cinq premiers au quinté et au Pick5, les 4 premiers au Multi, les 3 premiers au Trio. » Autre sujet récurrent, les chevaux qui font le tour. « Au trot, c’est parfois annoncé, au galop jamais », regrette Alain, qui déplore d’une manière générale la régularité relative des courses françaises. « Tous les chevaux ne donnent jamais le meilleur d’eux-mêmes en compétition, et cela ne dérange apparemment que moi… »
Réduire en urgence le nombre de masses. Trop de masses tue la masse : comprenez que plus le nombre de masses est important dans un système basé sur le pari mutuel, plus les cotes deviennent volatiles dans chacune d’entre elles. Or, le parieur qui déniche le bon cheval se sent grugé quand la cote de son favori baisse considérablement, parfois des deux tiers. L’intervention des Grands Parieurs Internationaux (GPI) sur la masse du PMU n’a fait qu’amplifier ce phénomène pour entacher finalement (pour combien de temps ?) la confiance du parieur dans l’opérateur historique, initiant ainsi sa désertion. Il va de soi que la séparation des masses entre PMU et PMU.FR (qui consista, après des mois d’études, à un simple copier-coller du off vers le on mais avec des rapports différents) n’a fait qu’aggraver ce sentiment latent, selon lequel les intérêts du parieur national ne sont plus ni protégés, ni défendus… Par ailleurs, la scission de la masse unique du PMU en deux masses distinctes contraint l’opérateur à servir deux rapports différents pour un même gain, sans parler du gros joueur qui mise contre ses intérêts lorsqu’il valide un pari important sur pmu.fr.
Une offre novatrice. « Le PMU met plus de temps à inventer un nouveau jeu qu’Airbus à concevoir un gros porteur », s’amuse Kervin. Pas faux. Le PMU invente peu et ne réinvente jamais. Trois jeux en trente ans : le quinté, le 2sur4 et le Multi. Mais en les empilant sur l’offre en place, dans une masse au pire en décroissance et au mieux stable, il morcelle cette dernière, sert des rapports à la baisse et alimente le mécontentement général. « J’ai l’impression que toutes les nouveautés en matière de pari hippique, le show, le rapport placé du 4e pour les courses riches en partants, les grilles, sont le fait des concurrents du PMU, alors même qu’ils ne disposent pas de sa force de frappe », regrette encore Kervin, qui relève que l’accumulation du nombre de jeux sur une même course nuit à la lisibilité du produit « pari hippique ».
Du 24/24 sur le digital. Moins de courses ? Pourquoi pas plus sur l’offre digitale ? Après tout, le pari sportif est proposé la nuit, tout comme le poker. Pas faux. « J’ai déjà eu l’occasion de poser la question en live à un conseiller, témoigne Raphaël. Impossible car la masse est trop faible. La masse nationale oui, mais en greffant nos paris sur la masse du pays d’origine, je doute que cette évolution soit impossible… »
Un jeu leader. Le PMU est une firme leader qui ne dispose plus de produit phare, ce qui peut fournir une étude de cas intéressante aux étudiants en marketing. Bel exemple en effet que celui du quinté, qui, ripolinage après ripolinage, s’est d’abord fait doubler en terme de volume par le jeu simple boosté par une fiscalité avantageuse, avant de perdre un à un ses afficionados, dégoûtés de la médiocrité des rapports servis du fait de la fracturation des différents niveaux de paiement. « Un jeu leader, résume Lucien, fait le bonheur des habitués et retient l’attention des novices qu’il peut contribuer à fédérer ».
La cote fixe. Un marronnier avec un grand M, régulièrement balayé d’un revers de main par les grands chambellans du trot et du galop, au prétexte que la cote fixe serait cause de toutes les dérives. Auraient-ils oublié que le pari mutuel a par le passé produit des scandales au moins aussi retentissants ? La cote fixe est donc réclamée par tous ceux que nous avons interrogés, au moins pour les grandes épreuves du calendrier. « Aujourd’hui, en France, on peut parier sur toutes les grandes compétitions internationales, mais pas sur les grandes courses, rappelle Alain, parisien sans emploi. Comme si le hippisme n’était pas un sport… »
Du hasard à dose homéopathique. Le pari hippique a bâti sa renommée sur la négation du hasard. Nonobstant, l’apparition de la Tirelire a envoyé les clients du PMU sur les terres de ses concurrents. Aujourd’hui, c’est le Jackpot qui ratisse cette population de joueurs. « Je n’ai aucune chance de toucher la Tirelire, juge Tadek, un retraité de Vincennes. Et pourtant, je suis obligé de cotiser à celle-ci. Pour le Jackpot, c’est différent, car c’est une proposition, pas une obligation. Je pense personnellement, que les petits joueurs, dont je fais parfois partie, peuvent trouver là matière à taquiner la fortune à moindre coût. Mais il ne faut pas aller plus loin… »
La facilité de jouer, la difficulté d’encaisser. Les nouvelles législations financières ont fortement décontenancé la clientèle du PMU ces années passées. Il y a encore vingt ans, l’argent liquide était roi dans les points de vente. Aujourd’hui, dématérialisation aidant, il est devenu l’exception. « Quand tu perds, pas de souci. Quand tu gagnes, ça se complique. Les petits gains, on te les paye. Tu les rejoues. Les gains importants, le patron ne te les paye pas, faute d’avoir suffisamment d’argent en caisse. Au dessus de 2000 euros, tu prends un chèque, ou tu mets sur ton compte PMU. Bref, il est devenu compliqué de gagner, sans parler des chèques de gains, des chèques paris, des rendus monnaie et des avoirs en tout genre… » Des problèmes de riches, à écouter Marouane, livreur à Lille (59) ? « Jouer est devenu compliqué. Aujourd’hui, il faut comparer, estimer le rapport probable en cas de gains, choisir si l’on joue sur le dur à un guichet, sur un automate, par sms ou en appelant Allô Pari, ou sur le on, et dans ce cas, chez quelle opérateur. Je viens de le dire, encaisser ses gains l’est devenu tout autant. Faire le papier reste un art difficile, il ne faudrait pas que le simple fait de jouer le devienne également… »
Pas de confiance sans respect. Tous le disent, le parieur n’est pas respecté par les membres de l’Institution des courses. Alors que le Trot commence juste à lui ouvrir ces enceintes jusque-là réservées, c’est à croire que le Galop considère qu’il est inutile de mélanger torchons et serviettes. Pis que cela, certains n’ont pas avalé la tournure proposée par les « Jeuxdi » de Longchamp. « Je joue aux courses à l’année, jamais on ne m’a reçu sur un hippodrome comme cette jeunesse invitée à venir faire la fête à grands renforts de publicité et de vin rosé», s’énerve Frédéric, qui conclut : « Au PMU, le client n’est pas roi. »
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Enquête réalisée par Dominique Cordier auprès des visiteurs du site canalturf.com
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