Interviews courses PMU, jeudi, Ã Vincennes (R-4). Julien Ferchaud monte au filet !

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Par Stéphane Davy
La 2-ans KAIPIRINHA (714) est la plus argentée des quatorze candidates au Prix des Hortensias, jeudi, sur l'hippodrome de Paris-Vincennes (R-4). L'occasion d'aller à la rencontre de son entraîneur, Julien Ferchaud (photo), un Angevin de 45-ans aussi passionné que passionnant. Par Stéphane Davy.
Julien, vous présentez un parcours professionnel singulier. Pouvez-vous nous en parler ?
Je suis issu du sérail puisque mon père Bernard a élevé des trotteurs et mon frère Sébastien est entraîneur. J'ai drivé et gagné, avec le statut de driver amateur, à l'âge de 16-ans. Lors des exercices 2007 et 2008, j'ai également occupé un mi-temps dans l'écurie familiale, et ce afin de valider une licence d'apprenti. Cela dit, si j'ai toujours côtoyé et entrainé des chevaux, notamment au côté de mon frère, cela n'avait jamais été, jusqu'au mois de juin 2022, mon activité principale.
Je suis surtout un passionné de tennis. Adolescent, je rêvais d'être joueur professionnel. Je me suis donc pleinement investi dans ce sport, pour atteindre un bon niveau national. Hélas, j'ai dû admettre qu'il me serait difficile d'épouser une carrière professionnelle, d'autant que des problèmes de dos sont venus perturber mon ascension. Aussi, à 17-18-ans, je me suis orienté vers l'entraînement. J'ai d'emblée apprécier cette activité. J'ai passé les différents diplômes nationaux relatifs au métier d'entraîneur de tennis. J'ai notamment eu le plaisir d'être, à 25-ans, le plus jeune à obtenir la principale certification française en matière d'entraînement. En parallèle, j'ai suivi un cursus universitaire, pour obtenir un D.E.S.S de négociateur trilingue en commerce (ndlr, Bac +5).
Fort de ces formations, j'ai intégré la Mouratoglou Tennis Academy, laquelle est considérée comme l'une des meilleures au monde. Pour information, Patrick Mouratoglou, le fondateur et le propriétaire de cette structure, a entraîné Serena Williams lors des dix dernières années, remportant avec elle dix titres du Grand Chelem. J'ai ainsi eu l'opportunié de coacher des tennismen hors-pair, capables de participer à différents tournois du Grand Chelem, à l'instar de Marcos Baghdatis. Lors de notre collabaration, il est passé de la 222e à la 66e place mondiale. Quelques mois plus tard, en janvier 2006, alors que j'étais de mon côté en période de rééducation, pour mon dos, et que nous avions donc cessé notre contrat, il disputait la Finale de l'Open d'Australie face à Roger Federer. Mon sentiment, à cette époque, était partagé. J'étais à la fois heureux pour lui et déçu de ne pas l'accompagner. Par la suite, j'ai mis en place ma propre Académie de Tennis.
Aujourd'hui, si j'enseigne toujours le tennis, j'ai décidé, à 45-ans, de consacrer une bonne partie de mon temps aux chevaux. Depuis le printemps, j'ai une autorisation d'entraîner et je veille à la destinée de trois trotteurs. A noter que je suis co-propriétaire de ces trois juments avec Christian Felice, un ami maltais lui aussi passionné. Sans lui, je ne sais pas si je me serais lancé dans cette aventure. Il m'a notamment mis à disposition un sulky et de l'équipement. Aujourd'hui, je ne suis pas déçu de cette nouvelle orientation car je connais non seulement les tenants et les aboutissants, mais également les difficultés de la profession. Je ne suis pas une personne qui extériorise ses sentiments mais sachez que les bons résultats enregistrés par l'écurie dernièrement, je les prends avec beaucoup de gratitude.
Force est d'imaginer que vous avez mis à profit vos connaissances sportives pour l'entraînement de vos pensionnaires...
Bien évidement, Il est certain que la partie physiilogique de l'entraînment reste mon domaine de prédilection. J'avoue que je dispose de moins de connaissances que mon frère dans le domaine hippique. Toutefois, j'observe, je m'informe, et je me documente. Aujourd'hui, beaucoup d'entraîneurs s'appuyent sur des éléments empiriques. De mon côté, je reste convaincu qu'il faut se diriger vers le scientifique. et ce afin d'éviter les grosses erreurs.A cet égard, j'avais invité mon frère a se rapprocher de la vétérinaire Claire Leleu, laquelle s'appuie sur des données d'ordre scientifique. Il est ainsi intéresant d'étudier les prises de lactates, après une course. Cela permet de connaître avec précision la récupération d'un cheval. A mes yeux, cela reste plus parlant qu'une attitude au paddock ou la consommation de la ration alimentaire.
En matière de sport, je me suis penché sur la préparation mentale. Cela m'est désormais moins utile dans mon nouveau défi d'entraîneur de chevaux. Avec le trotteur, le verbal, on oubllie. L'avantage avec le cheval, c'est que l'avis se fait uniquement sur l'observation et l'étude des résutats vétérinaires. Cela ne laisse pas de place à des données subjectives, celles qui peuvent être relatées par un athlète après une compétition. C'est ainsi qu'avec mes convictions, du sérieux et de la minutie, je m'adapte au cheval. Et non, l'inverse.
Jeudi, vous alignez KAIPIRINHA. Quel regard portez-vous sur son début de carrière ?
C'est une fille de Uvevering du Gîte, un cheval élevé par Georges Lelièvre, pour lequel mon frère a longtemps collaboré. Elle n'est pas précoce mais elle a des facilités. Pour ses débuts publics, elle s'est classée 3e en débutant, à Enghien. Lors de sa sortie suivante, elle m'avait bien plu (ndlr, 4e le 11 août). Ensuite, pour ses débuts à Vincennes, elle n'a pas fini comme espéré. A sa décharge, elle a "tiré" durant 1.500 mètres. Courant octobre, à Enghien, elle s'est "arrêtée" au début de la ligne droite. Les examens ont finalement révélé une infection parasitaire. Et, lors de sa dernière sortie, à Vincennes; quand son driver a voulu la décaler, elle est entrée en contact avec la roue d'une concurrente qui la précédait, et a fait une faute au bout de la ligne opposée. Sa fin de course était ensuite plaisante en retrait. Sans cette faute, elle aurait lutté pour les premières places. La pouliche a conservé un bon degré de forme. Mieux encore, je la juge en progrès au travail. Elle sera drivée par mon neveu Alexis Marie. Il la connaît bien et réalise, par ailleurs, une excellente année, aussi bie en tant driver que comme entraîneur. Il dispose d'un petit effectif mais ses pensionnaires ont signé une vingtaine de courses depuis le début de l'année. Jeudi, il n'est pas impossible que nous allions devant. C'est aussi bien pour elle car les "coups de freins" pourraient avoir tendance à la tendre. Je lui vois une bonne chance. A mes yeux, elle possède la pointure d'une course de cet acabit. Maintenant, comme vous le savez, le déroulement de la course aura son importance.