Pourquoi ce Prix d’Amérique va marquer l’Histoire du Trot…
Publié
Par Dominique Cordier

Le Prix d’Amérique qui s’est disputé ce dimanche à Vincennes a une saveur toute particulière, car il marque un tournant dans l’histoire du trot moderne, dépassant le cadre strict de l’éclosion de cette nouvelle star appelée BOLD EAGLE (notre photo).
Parce que cette première victoire de BOLD EAGLE en appelle (beaucoup) d’autres. Les surdoués sont les mal aimés de nos sociétés modernes, car ils échappent à la normalité de la masse. Surdoué du trot, avec désormais 21 victoires en 24 sorties, BOLD EAGLE est un trotteur complet, qui se plie à toutes les tactiques et qui forge ses victoires l’attente comme dans le Prix de Belgique ou la domination comme dans le Prix d’Amérique. Sa victoire d’hier est un condensé de tout ce qu’il nous avait montré jusqu’ici : elle en appelle d’autres.
Parce que BOLD EAGLE a considérablement abaissé le record de l’épreuve. Avec une réduction kilométrique de 1’11’’40 au kilomètre, il efface celui de ROYAL DREAM (2013), le premier à être passé sous la barre des 1’12, avec un chrono de 1’11’’90. Pour mémoire, ni READY CASH, ni VARENNE, lors de leurs deux succès consécutifs, n’avaient fait chauffer l’horloge par rapport à leurs prédécesseurs. A l’inverse, OURASI abaissa le record de l’épreuve à trois reprises, tandis que GENERAL DU POMMEAU devint le premier à passer sous la barre des 1’13 en 2000…
Parce que BOLD EAGLE n’a que cinq ans. OURASI n’avait pas couru le Prix d’Amérique à cet âgé, TENOR DE BAUNE non plus. Pour autant, BOLD EAGLE ne mérite pas d’être comparé aux autres cinq ans, qui, comme lui ont remporté l’épreuve-reine. OFFSHORE DREAM (2007) était moins « facile » que BOLD EAGLE, même s’il abaissa le record de la course à 1’12 pile, tandis que VERDICT GEDE sortit surtout vainqueur du fait d’un match de drivers.
Parce que BOLDEAGLE est appelé à durer, sinon à régner. Dans sa manière de trotter, BOLD EAGLE ne se fatigue pas. Il est capable d’aller vite, loin et longtemps. En outre, il dépend d’un entourage porté par l’ambition de gagner plusieurs Prix d’Amérique avec lui, plutôt qu’en faire une juteuse cash machine.
Parce que BOLD EAGLE a commencé à faire le vide autour de lui. Comme tous les grands chevaux, BOLD EAGLE va améliorer les bons chevaux qui l’ont l’affronté (on pense à TIMOKO ou BIRD PARKER, mais aussi, à moindre degré, à ses sparring-partners VILLEROI et ASTOR DU QUENNE) ou le feront demain, et mettra au rancart les présomptueux. La liste de ceux auquel il a mis des uppercuts dont ils se souviendront longtemps s’allonge à vitesse grand V. Citons de mémoire BRIAC DARK, SPECIALESS, VOLTIGEUR DE MYRT, AKIM DU CAP VERT, UP AND QUICK…
Parce que BOLD EAGLE marche sur les pas de son père, tout en tournant la page des années READY CASH. Dans la hiérarchie des chevaux ayant gagné des Prix d’Amérique ces dernières années, READY CASH (2011 et 2012) était supérieur en valeur à MAHARAJAH (2014), lui-même supérieur à UP AND QUICK (2015). En s’imposant dans cette édition 2016, BOLD EAGLE solde les années READY CASH et remet le Prix d’Amérique dans le sens de l’Histoire.
