Décès de Roland Jaffrelot. Le poignant hommage de son ami Yannick Hamon
Publié
Par Stéphane Davy

Brassard noir sur la piste. Hier, mardi, sur l'hippodrome de Cagnes-sur-Mer, les drivers qui participaient à la semi-nocturne azuréenne arboraient un bandeau de couleur noir, sur la casaque, afin d'honorer la mémoire de Roland Jaffrelot, décédé, samedi, alors qu'il séjournait à Paris.
Si le professionnel, natif de Normandie, basé dans le Var, a marqué de son empreinte l'Histoire des courses, au trot, en étant notamment sacré à neuf reprises, tête de liste des entraîneurs, dans l'Hexagone, son ami Yannick Hamon a tenu à nous parler de l'homme. Morceaux choisis.
"J'ai rencontré Roland Jaffrelot, il y a 24-ans. C'était lors d'un été, en juillet, à Cabourg, où Jean-William Hallais, alors adolescent, a eu la gentillesse de me le présenter. Je suis ainsi rentré à son service au milieu des années 90. Quand je travaillais chez lui, le samedi matin, il partait au village, au marché, il achetait des poulets, des tartes, du vin, et toute l'écurie se retrouvait autour de la table pour déjeûner. Professionnellement, il a fait partie des meilleurs entraîneurs du pays. Il a été avant-gardiste en allant récupérer des chevaux en Normandie pour les faire courir dans le Sud-Est. En compétition, il m'a fait gagner ma première course. Je me souviens que ce jour-là , un samedi soir, il avait invité toute l'écurie à dîner au restaurant et nous avions terminé la soirée en boîte de nuit. Au travail, il avait ses jours "avec" et ses jours "sans". Il était rigoureux mais il a toujours été présent pour son personnel. D'ailleurs, les "gars" qui ont eu l'occasion de travailler chez lui, Alexandre Blondeau, Stéphane Cingland, Régis Le Vexier, Jean-Charles Féron, et d'autres, ont tous été invités à Cuba, aux frais de Roland, où il avait ses attaches et passait une partie de l'année. Ensuite, après sept-huit ans, à ses côtés, j'ai décidé de voler de mes propres ailes. A ce titre, il m'a permis d'entraîner pour les casaques de Jean-Claude Hallais, l'écurie du Rougement ou encore Benoît Chalmel. Notre collaboration n'a jamais cessé. Il était présent dans les bons mais aussi dans les mauvais moments. Je lui dois beaucoup. Dans les périodes difficiles, il n'hésitait pas à me prêter l'un de ses camions. Je me souviens également qu'un jour, mon banquier m'avait contacté pour combler un prélévement de 7.500 euros. J'ai lancé un S.O.S. à Roland et le soir-même, il y avait 7.500 euros sur le compte. Je l'ai remboursé, bien évidemment mais Roland, c'était aussi cela. Il savait être là dans les coups durs. Il y a quelques mois, il a vendu son établissement à La Celle, près de Brignoles. A cette occasion, il m'a contacté et m'a invité à passer à l'écurie. Il m'a gracieusement offert deux sulkys en carbone et cinq caisses de matériel. Cela montre sa générosité. J'ai eu l'occasion de converser avec lui pas plus tard que vendredi dernier. Il me disait qu'il cherchait encore des chevaux à acheter et qu'il envisageait de les placer sous mon entraînement ou celui de Jean-Charles Féron, lequel a également longtemps travaillé à ses côtés. C'était son plaisir. Il aimait venir voir ses chevaux à la maison et les "trotter" de temps en temps. Je perds plus qu'un ami."
Roland Jaffrelot avait 69-ans.
S.D.
