Prix d'Amérique 2025. J-4. Françoise Chaunion, éleveuse de champions
Publié
Par Stéphane Davy
IDAO DE TILLARD fera l'objet de très nombreuses attentions, dimanche, dans l'édition 2025 du Prix d'Amérique. L'occasion d'aller à la rencontre de celle qui l'a fait naître, Françoise Chaunion. Entretien.

L'élevage des Tillard figure sur les programmes depuis de nombreuses années. Pouvez-vous nous retracer l'histoire de ce "Label" ?
L'Histoire a commencé dans l'Oise. Originaires d'Auvergne, mes parents  avaient une activité professionnelle prenante dans la brasserie et la restauration, à Paris. Ils géraient un établissement, Avenue de la Grande Armée. En parallèle, ils souhaitaient donc acquérir un pied à terre, en région parisienne, afin de souffler un peu. En 1974, ils ont finalement posé leurs valises dans un petit village appelé "Tillard", près de Beauvais, où ils disposaient de sept hectares. De fil en aiguilles, ils ont décidé de s'intéresser aux chevaux. Ils sont alors devenus éleveurs de trotteurs, en achetant quelques poulinères. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Nos premières productions ont été performantes. je pense notamment à Joie de Tillard qui a été notre première jument de course. Ensuite, elle a donné naissance à des étalons, tels Uranium de Tillard, Bonheur de Tillard, et Honneur de Tillard. Après une année de mise en location, Mes parents ont eu le plaisir de travailler avec Léopold Verroken, pendant plus de neuf ans, ou encore Jean -René Gougeon et Jean-Claude Hallais. Face à la réussite croissante de notre structure, il a fallu penser à s'agrandir  Aussi, en 1989, après deux années de recherche, nous avons quitté l'Oise pour Hotot-en-Auge, dans le Calvados. Nous sommes ainsi passés de sept hectares à vingt-sept, puis à cent-quinze hectares, ce qui nous a permis d’exploiter nos étalons « Maison » (Major, Pactole, Quadol, Uranium, Uranus, Bonheur, Honneur et Gala). A noter d'ailleurs qu'à une période, nous avons eu jusqu'à 225 hectares d'exploitation avec 300 têtes de bovins. Suite au décès brutal de ma mère, en début d'année 2014, j'ai décidé de prendre la rélève, et ce même si mes parents avaient un instant envisagé de vendre la structure. J'ai travaillé auparavant dans la gestion, la comptabilité, et l'assistanat de direction mais j'ai toujours été une grande passionnée d'élevage et aux cotés de mes parents dans leurs affaires. Depuis l’origine, Je me suis constamment intéressée aux croisements et aux résultats des "Tillard". J'ai progressivement pris mes marques jusqu’au décès de mon père en 2017. Aujourd'hui, je veille à la destinée de vingt poulinières et leurs descendances ainsi que d’autres chevaux que me confient des clients fidèles. Les juments passent pas mal de temps en extérieur, tout en bénéficiant d'abris. Elles rentrent généralemnt aux boxes pour le 11e mois de gestation et la suite du poulinage. A noter par ailleurs que suis épaulée par deux salariés, à l'année, ainsi qu'un apprenti et une stagiaire.
IDAO DE TILLARD fera partie des favoris de l'édition 2025 du Prix d'Amérique. Que pouvez-vous nous apprendre sur ce trotteur ?
IDAO est un petit-fils de Classe de Tillard, qui était une jument classique (la meilleure femelle de sa génération), et un fils de Severino, un autre cheval issu de notre élevage. Il est né à Hotot-en-Auge et est resté chez nous jusqu'à l'âge de six mois. Ensuite, il a réalisé une très belle carrière classique lui aussi glanant 960 000 e de gains. La veille de nos premières ventes, Thierry Duvaldestin, qui avait quelques Tillard à l’entrainement, m'avait contacté avec l'idée de voir notre lot de Yearlings présentés aux ventes de Caen de septembre et octobre. Cette année là , nos premiers yearlings avaient été vendus au ventes de septembre, mais Idao de Tillard a été adjugé lors de celles d'octobre. Il avait d'ailleurs été top-price lors de cette journée. Je me souviens encore que le poulain était tonique. Il se présentait bien, et surtout il dégageait d'ores et déjà de l'intelligence. Il a vite compris ce qu'on lui demandait.
A titre personnel, comment vivez-vous cette ascension ?
Pour moi c'est une énorme récompense. Une consécration. Sachez d'ailleurs que lorsque le cheval avait gagné le Critérium Continental, en fin d'année 2022, j'étais très émue. J'étais non seulement présente ce jour-là , mais ce succès avait surtout une saveur particulière puisque mes parents avaient également remporté cette course avec Classe de Tillard et Severino, qui sont respectivement la grand-mère et le père de Idao de Tillard. Je suis avec attention la carrière de course de Idao. Je regarde toutes ses courses. Parfois, il m'arrive de crier à faire écrouler la maison. Et d'autres fois, je suis la course dans un silence de cathédrâle. Cela dit, je suis particulièrement active en publiant régulièrement des informations sur la page facebook de notre élevage. Occasionnellement, il m'arrive d'adresser des messages à Thierry Duvaldestin afin de savoir si le cheval se porte bien. J'entretiens également des contacts chaleureux avec Monsieur Sevestre, le propriétaire de Idao de Tillard. La communication est très importante pour moi. Mes enfants Alexandre et Pierre portent également de l'intérêt à la carrière du cheval. En tant qu'éleveur, sachez que nous avons eu plusieurs participants au Prix d'Amérique. Je pense notamment à Bonheur de Tillard (31 victoires et plus 1.000.000 d’euros), qui l'a couru à plusieurs reprises et s'y est classé 5e, en 1995. Severino de son côté avait pris une 6e place. Comme vous le savez, Idao de Tillard a fait mieux.... Une chose est sûre, quelque soit le résultat, dimanche, je vais continuer à perpétuer, avec passion, l'oeuvre de mes parents.
