Dominique Cordier : "Cyril Linette ou le bon sens à la manœuvre"
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Publié
Par Patrick Desmaison
On est à la fin du meeting de Deauville, un mois de courses au tempo donné par deux personnalités.
Tout d’abord, Gérard-Augustin Normand, lors d’une interview-choc sur RTL d’abord, et puis vendredi dernier pendant plus d’une heure et demie sur Radio Balances.
Et puis cette semaine, la côte normande a accueilli Cyril Linette, le nouveau directeur général du PMU, en immersion à Deauville, Clairefontaine, Cabourg et au Haras du Quesnay, où il a rencontré propriétaires, entraîneurs, jockeys, drivers, éleveurs et titulaires de points de vente, avec en point d’orgue une prise de parole à l’issue de l’assemblée générale de la Fédération des Eleveurs du Galop.
Qu’y a-t-il dit qu’on ne savait déjà  ? Rien. Qu’y a-t-il annoncé de concret à même de relancer l’activité du pari hippique ? Rien. Pour le moment.
Y a-t-il rendu publique une feuille de route, un calendrier, un planning des actions qu’il comptait entreprendre ? Pas plus.
Alors qu’est donc venu faire Cyril Linette à Deauville ?
Plusieurs choses, heureusement, poursuivant dans l’esquisse, préalable nécessaire aux grandes décisions et actions à venir.
Premièrement. Prendre le pouls d’une filière qui souffre, et dont le baromètre principal, à savoir le chiffre d’affaires du PMU, a chuté durant l’été, pendant les séquences du Ramadan et de la Coupe du Monde de Football, ce qui était prévisible, mais également après, ce qui l’était moins, voire pas du tout. In fine, le PMU devrait conclure l’année sur une baisse de son activité de -3,5%...
Deuxièmement. Proposer sa vision de l’offre hippique à venir, moins universelle, plus compacte et réduite à un certain nombre de sites, et sûrement pas sur 68, comme le nombre d’hippodromes accueillant aujourd’hui des réunions dites Premium.
Il signe ainsi l’arrêt de mort du « marketing de profusion », telle qu’il l’a lui-même baptisé.
D’ailleurs, des arrêts de mort, il en a signés quelques autres. Celui du Marketing Commun des Courses, le fameux MCC, ou celui des Epiqe Series, « un truc inconnu qui désigne quelque chose qui n’existe pas » selon sa définition, pour ne citer que ceux-là .
Et puis surtout, il a proposé à son auditoire un discours nouveau, transparent et empreint de vérités.
Il veut moins de courses pour redonner au client l’envie de faire le papier et de parier. Moins de courses aussi pour augmenter mécaniquement l’espoir de gains du client, conséquence directe du renchérissement de la masse. Il veut enfin réduire le nombre de marques qui corsettent l’univers hippique, de façon à ce que chacun puisse s’identifier et se retrouver dans le produit proposé.
L’intéressant est qu’il va entreprendre de réformer le PMU et de transformer son offre commerciale, en s’appuyant, semble-t-il, sur les forces et richesses de son entreprise, entendez par là sans appeler l’Etat à mettre à sa disposition de nouvelles armes réglementaires.
Ce pragmatisme est à son honneur. Pour l’heure, on n’en dira pas autant des Sociétés-Mères.
Certes, l’exposé de Linette est funeste pour ce qui les concerne. Ce PMU 2020 aux contours nouveaux a pour première conséquence une amputation du résultat net reversé aux organisateurs de courses.
De 780 millions cette année, il ne sera que de 750 millions en 2019. Pour mémoire, en 2011, un an après l’ouverture du marché des jeux et des paris, il s’élevait à 876 millions. Mais ça, c’était avant…
L’argent va manquer et condamne France Galop et Le Trot à se réformer rapidement et durablement. La mutualisation, sinon la fusion, des services communs aux deux associations est affaire de mois. C’est obligatoire. Levier facile, la baisse des encouragements sera aussi envisagée, c’est à craindre.
Présent lors de l’assemblée générale des éleveurs aux côtés de Cyril Linette, Edouard de Rothschild, élu président de France Galop en 2004 puis de nouveau en 2015 après l'intermède de Bertrand Bélinguier, a pris à plusieurs reprises la parole, pour conforter Linette mais également appeler de ses vœux le soutien rapide de l’Etat, avant même d’éclairer son auditoire sur les efforts que doivent obligatoirement faire, ensemble, son association et son homologue, Le Trot, présidée depuis la fin du siècle dernier par Dominique de Bellaigue…
La rentrée promet !